Un message fraternel
II est des petits livres plein d'enseignements. Arioul, le bourricot de Sami Choukri est de ceux-là. II ne faut pas le lire comme un conte destiné uniquement aux enfants. Non ! En ce temps de Noël et des heures difficiles que vit actuellement la planète, il faut écouter l'histoire de l'enfant Sami et de l'âne qui parlait, tous deux originaires d'un petit village d'Algérie, Arkoub, perdu entre mer et montagnes. En faisant appel au merveilleux, à un baudet conteur, Odette-Claire Brousse transmet un message de tolérance sociale, religieuse, de partage. Elle met en scène l'enfant Choukri qui, sous le sceau du secret- . il ne doit pas révéler que l'âne a une voix humaine -, découvrira un monde non musulman, chrétien, dans lequel l'âne a parfois sa part, comme à la naissance de Jésus-Christ.... ou ne l'a pas du tout, comme dans la parabole du Bon Samaritain. En parallèle, Odette Claire-Brousse relate, grâce à l'enfant et à son âne, la vie quotidienne d'un village algérien, d'une famille musulmane bien sous tous rapports, d'un « bled» (la campagne) à l'heure d'aujourd'hui, avec en arrière-plan le terrorisme, les passages de clandestins africains rêvant d'Europe, les cousins de France qui n'ont jamais vécu en terre algérienne... Quand on sait qu'Odette-Claire Brousse est religieuse dominicaine, vivant depuis des années sur les mêmes terres que Choukri et Arioul, on perçoit bien la portée de ce message fraternel. Julia Ficatier, 15 décembre 2004
LA CROIX, décembre 2004
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