Poésie
L'œuvre de Daniel Leduc s'inscrit au cœur d'une optique poétique pluridimensionnelle. Rapport de l'Homme à l'univers via l'entrelacement des choses qui se donnent, furtivement, incertaines, mais fondatrices de toute humanité. Et cette articulation entre la finitude de l'Homme et l'infini du monde est transfigurée par une médiation intérieure qui éclaire tout autant qu'elle donne à entendre cette perpétuelle distance qui maintient l'Homme à la surface des choses, comme un ersatz, une vibration, une onde qui se transmet par la parole et donne de l'épaisseur au texte, au monde. À la fois images, réflexion, ou plutôt méditation poétique, la pensée et le non-dit transparaissent dans les textes de Daniel Leduc. L'amour s'y meut en filigrane, palpite, tel un chuchotement qui gît au fond des choses, tel un appel discret que le poète sait recueillir et transmettre. Ainsi : Dans ta voix, j'ai reconnu le chevauchement des vagues lorsque la lune est pleine et l'horizon valsant (...) Loin de toute perspective pour toute réponse je t'ai embarquée dans le tangage des mots.
Le poème est ici qui instaure et distille la distance irréductible entre l'homme et le monde. Communion qui se révèle fragile, le jeu des éléments enveloppe et traverse le poète, qui le recompose, là où il se dissout inexorablement. Le dynamisme n'est pas effusion mais il opère, discret, souterrain, dans le corps de l'homme et de la femme, dans leur enfantement incertain. Car tout équilibre est voué à son dépassement, qui n'est que l'occasion de naître ou de renaître dans l'étonnement, infiniment. Quand on regarde l'océan on renaît dans le ventre du monde (...) Toutes les vagues nous portent vers cet ailleurs qui est en nous et nous naissons sans cesse dans la mer amniotique de ce passé qui vient.
L'idée d'un tout est un thème récurrent dans les poèmes de Daniel Leduc, mais on l'aura compris, il ne s'agit que d'une totalité à créer à chaque instant, une réalité fragile qui nous crée en retour. Mouvance au cœur du statique, rien n'est donné ! Le poète est toujours ce nomade qui se crée lui-même dans l'impact des choses, lesquelles, tels des miroirs, engrangent la parole et celle-ci, ricochant sur les mots, leur donne alors l'éclat intérieur qu'elle recèle, mais toujours parce que l'émotion du poète s'y grave et s'y soustrait en même temps. Les mots se cristallisent un instant et se révèlent choses, et la parole, incertaine, se fait jour ; voilà pourquoi le réel, dans l'œuvre de Daniel Leduc, me semble toujours à la fois horizon et point de contraction, intériorisation brève, fugitive, fugace, éclair de ce qui enveloppe l'humain, l'univers. La terre est ma demeure L'Horizon est ce mot que je prononce en le conviant.
Horizon, l'Homme est comme un point d'exclamation, un trait d'union entre son être et l'être fluctuant de l'univers. Cantiques, Quantiques... là, soudain, l'éclair poétique révèle à la fois la petitesse des choses humaines et leurs liens, la parole se fait trait d'union entre l'éternité et l'instant. Ouverture, déchirure, naissance à perpétuer indéfiniment. L'Horizon n'a d'épaisseur qu'en nous-mêmes, (...) Nous harmonisons les choses en imaginant leur contour, en oubliant aussi la fuite réelle de l'univers.
Cette re-naissance de notre être et du jeu qui s'instaure à notre insu entre nous-mêmes et le passage inexorable du tout, de la nature, du devenir, est invitation perpétuelle à l'amour. Comme le dit, avec ses< LELITTERAIRE.COM, 2006
http://www.lelitteraire.com/article2529.html?va...
|