Entretien avec Alexis Allah
Chaque fois qu'il sort un roman, Alexis Allah ne manque pas d'en informer la rédaction condomoise afin d'en faire profiter ses lecteurs. Originaire de Côte d'Ivoire, marié à une Condomoise, Alexis est professeur de lettres en Auvergne. Après " La Nuit des cauris " et " L'Enfant-Palmier ", il nous fait découvrir " L'oeil du marigot ", préfacé par Jean-Pierre Wauquier, président de H20, et déjà en vente en librairie. Il est édité chez L'Harmattan. L'illustration de la couverture a été réalisée par la belle-soeur d'Alexis, Fabienne Dufis.
L'ouvrage traite des thèmes de l'errance, de la traite négrière et de la colonisation. Aucun lien direct avec les deux autres livres, si ce n'est l'obstination de l'auteur à faire passer des messages tels que le problème du droit identitaire et le démantèlement d'une Afrique devenue " mortocratie " comme il l'explique avec ferveur lorsqu'on aborde le sujet de ce dernier roman. L'oeil du marigot comme l' oeil qui veille sur tout le monde. " Le marigot fait appel à l'eau, matière précieuse, voire sacrée. Les hommes trouvent leur souffle de vie à partir de cet oeil. Le personnage, Messou oi Messou est dépositaire du savoir ancestral. Lorsqu'il part de son village pour parcourir les cinq continents, c'est la décrépitude, il n'y a pas de successeur ", raconte Alexis Allah.
QUE D'O
Marigot, " eau " et " o " comme origine. Le personnage unique et principal traversera de nombreuses villes terminant par " o ", San Pedro, Saint-Malo, Rio de Janeiro, Sao Paulo, Macao, etc. Messou se posera des questions sur le monde, l'attitude des êtres humains. " Je trouve hallucinant que les Noirs soient éparpillés partout dans le monde. Je me dis souvent lorsque j'en vois que c'est peut-être un parent à moi ", s'interroge Alexis.
Dans son roman, Messou disparaîtra, il renaîtra par la bouche de sa disciple blanche.
La réflexion de l'auteur va bien au-delà. Surtout lorsqu'il parle de la mortocratie : " Les vendeurs de mort (NDLR: marchands d'armes) s'appuient sur une poignée d'Africains pas futés qui vont faire basculer des pays entiers, faisant souffrir le peuple. Il faut que ces gens-là comprennent que l'Afrique aussi a une dignité, la pauvreté n'est pas un vice. C'est bien que la traite négrière soit à présent reconnue crime contre l'humanité ", conclut-il. Recueilli par Cathy Montaut
LA DÉPÊCHE DU MIDI, juillet 2005
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