Retour a Iracoubo
"C'est une histoire d'amour tragique entre un professeur métropolitain et une jeune amérindienne' résume Jean-Claude Baise, "le sujet étant toutes les douleurs de l'altérité - même lorsque l'on s'aime - la difficulté à supporter les différences". En quelques mots, il livre le fond de son dernier roman qui prend corps dans une rencontre. Après Passions amérindiennes (édition Bénévent, 2007), Jean-Claude Baise revient sur les lieux d'une rencontre qui l'a marquée à tout jamais. C'était à St-Laurent d'abord, lorsqu'il "office de proviseur adjoint de 1990 à 1994, au lycée Bertène Juminer", puis à Iracoubo, après une courte pause dans l'Hexagone, où il revint de 1998 à 2005 au collège, comme Conseiller Principal d'Education (CPE)". Cette confrontation avec le monde amérindien l'a transformé. Durablement. D'ailleurs, aujourd'hui retraité dans le nord de la France, il n'hésite pas à revenir, chaque année, retrouver ses amis d'Iracoubo, "un besoin".
Si son second roman prend place dans la société amérindienne, il a souhaité en faire un livre plus largement consacré "aux problèmes de l'humanité en général" tient-il à préciser. On pourrait, facilement,'en replacer le livre en Métropole entre un métropolitain et une maghrébine, dans un mariage mixte".
Jean-Claude Baise l'affirme: la Guyane est "un laboratoire humain" où "les choses sont marquées de façon caricaturale". Il y a, pour lui, deux exubérances dans le département: "celle de la nature, avec la forêt, et, en même temps, celle des cultures qui en font la richesse - telle une Tour de Babel - mais aussi ce qui cause toutes les difficultés".
Pourtant, s'il se veut général, le livre "est fortement marqué par les problèmes de suicide chez les Amérindiens". Un bouleversement. "La plus triste expérience de ma vie, de ma carrière; c'est celle d'un gamin qui s'est suicidé, alors que je l'avais vu le matin même" poursuit l'ex-Conseiller d'éducation. Un brin pessimiste, il note "une perte de repères, une perte d'identité des jeunes amérindiens", pris, selon lui "sous un rouleau compresseur". J.V.
LSG, novembre 2008
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