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Daniel Leduc

 

 

Une approche de l'oeuvre de Daniel Leduc 
Par Patrick Raveau (*)

  
L'œuvre de Daniel Leduc qui comprend, (la liste n'est pas exhaustive),  L'homme séculaire, Silence des pierres, Au fil tramé des jours, Une source puis une autre, Territoire du poème, Le chant du verbe, est comme le souligne le dernier recueil cité, le lieu de la parole mais celle-ci est lien, elle est le lien qui unit et désunit, elle crée autant qu'elle révèle. Pas de monde sans le regard et le verbe, mais pas de verbe sans le lien en miroir qui s'établit en le poète et l'univers. Aussi, toutes choses communiquent-elles entre elles par ce lien qu'instaure la parole poétique, les mots du poète ne sont jamais des signifiés à part entière, d'où la profusion de ces mots employés par Daniel Leduc ___ terre, ciel, vent, arbre, oiseau, pierre comme autant de chemins qui irradient à partir de l'homme, autant de points de vue sur une relation homme au cosmos et de l'homme à l'homme. 

Ainsi la poésie est alors cet acte qui relie, acte qui pour Daniel Leduc est amour. Car les mots sont des choses, et les choses sont des mots et l'univers des choses n'est jamais dit, reste toujours à déchiffrer, d'où la quête poétique, qui inscrit l'homme dans l'interrogation et la question, laquelle inévitablement appelle à la méditation et au silence. 
Poésie humaniste par excellence, dans laquelle l'homme-poète n'est pas simplement un néant entre deux infinis, car s'il est rien, il est ce rien qui oscille, ce rien par lequel le monde peut advenir, il est ce tremblement par lequel le monde acquiert un sens, une réalité qui demande pourtant à être questionnée, et qui bien qu'un fragile instant en résonance avec la conscience intérieure du poète, possède sa propre oscillation… 
Les poèmes de Daniel disent inlassablement l'oscillation, le frémissement, la résonance, le lien entre toutes choses. Lien éphémère et toujours à réinventer, qui définit l'acte poétique comme lieu de partage. Comme l'avoue Daniel Leduc, le poète donne ses phrases à ceux qui ont le regard pour les prolonger, afin que le jour devienne nuit et que la nuit devienne jour. Le partage est don, et ce don éclaire la fragile continuité entre les choses, révèle un sens parmi l'infinité des sens possibles. Ce que révèle et chante la poésie de Daniel Leduc, l'univers entier est d'essence poétique, le lieu où oscillent toute chose, et le poète, dans ce frémissement, cette oscillation du tout, médium et créateur, devient l'écho vivant de la parole poétique en gestation en chaque regard, elle-même écho de son miroir humain. Ainsi le dialogue se crée mais jamais n'essouffle le verbe. 
Quête existentielle, sentiment profond de ne pouvoir saisir les choses car elles ne s'inscrivent dans aucune vision qui les saisirait dans leur " être intime "… L'œuvre de Daniel Leduc inscrit l'homme dans une relation tout à fait privilégiée au cosmos. Au-delà des concepts. L'oiseau est l'écrit, l'écriture est la feuille, l'arbre relie le bas et le haut, et dans cette profusion d'images, de correspondances, le monde tout entier devient message - aussi bien à écrire qu'à déchiffrer… Les éléments semblent présents pour être dits, écrits, mais la relation qui les lit ouvre à d'autres mystères qu'il faut déchiffrer à nouveau. L'oiseau, pour ne citer que lui - est messager, mais il n'est pas sans le vent qui n'est pas sans l'arbre qui n'est pas sans la feuille. Le vent s'appuie contre l'arbre. L'oiseau devient la pluie, qui se brise contre l'arbre. Le temps est un éclair, et la foudre habite en l'arbre ; en l'obscur dénuement de nous-mêmes. (L'homme séculaire)
C'est cette lucidité extrême qui parcourt l'œuvre de Daniel Leduc et qui veut montrer à quel point la quête poétique est comme une marche ininterrompue en direction d'une certaine lumière, d'une aube incertaine. Extrême lucidité, donc, où le poète se sait par avance condamné à errer, nomade, apatride, frère de toute chose, car frère de la fugacité d'un certain réel que sa vision découpe et retient. L'a conscience de sa finitude, au cœur d'une nuit qui le cerne de toute part, est paradoxalement ce qui l'arrache à soi, à ce même rien, pour le conduire vers un " ailleurs ". Dès lors parce que l'émotion provient d'un frémissement, d'un tremblement infime qui ébranle l'être dans ses croyances, fussent-elles d'un monde où le sacré est absent, cette émotion, cet arrachement, est exil et reconnaissance de l'altérité du Tout, et l'émotion devient joie, joie fragile, indicible, joie éclair, lumière qui ouvre le chemin, la terre à labourer patiemment … 
Ta vie se cercle de ces courbes qui réfléchissent/ l'eau des miroirs__ n'affirmant rien, tu peux renaître,/ Les éclipses, les équinoxes,/ Adrets, ubacs, et autres voltiges, /ce sont les oiseaux de tes îles, / la marche est ton amie dansante/ Plurielles ainsi vont les souffrances/ Singulière est la joie qui t'enfante.
Pour Daniel Leduc, donc, la poésie est effleurement perpétuel, jeu de caresses, de courbes, de dessins qui donnent à voir, qui donnent à être. Don, amour partage, autant de termes qui s'épousent afin de montrer à quel point le monde en tant qu'énigme est désir, et qu'en tant que désir est caresse, et en tant que caresse, effleurement., car la poésie, dans son désir de dire le Logos, dans son besoin d'ouvrir le monde va utiliser les mots pour tenter d'exprimer l'inexprimable. Dire l'arbre, ce n'est jamais s'en référer à son concept, le poète l'a compris, puisque le concept de l'arbre n'est qu'une généralité, un découpage dans le monde du réel, une approximation. Grâce au poète, l'arbre demeure, mais sa dimension s'ouvre à celles des autres choses, le lien s'établit et les correspondances plurielles se révèlent. C'est cette vision éclatée à l'infini, ce voyage du corps et de l'esprit au cœur du non-dit, qui est source d'étonnement de joie. C'est ce chemin qui nous délivre du concept, qui nous fait entendre le chant d'une totalité indivisible, mais dynamique que Daniel Leduc ne cesse de décrire. 
Et le poète demeure, au-delà des concepts, celui qui se méfie des universels, des idées éternelles, des éternelles idées, qui refuse tout dogme, tout système qui rendraient compte trop facilement de sa présence au monde. Le poète demeure profondément enraciné dans les choses et dans sa propre altérité qui le fonde et le pousse à être. 

Je tenais aussi à souligner l'importance extrême du paradoxe dans la poésie de Daniel Leduc, qui à mon sens ne s'élabore essentiellement qu'autour d'une dialectique que l'on retrouve aussi bien dans la forme de ses poèmes que dans ce qui est proprement dit. 
Flux et reflux, circulation qui nous entraîne, nous retient, nous porte toujours plus en avant, un peu plus loin à chaque fois, à l'image de l'océan et de son horizon inaccessible que nous portons en nous. Paradoxal, l'homme est cette vague qui ne cesse, à la fois, onde et particule, forme et matière d'onduler et de venir un instant, étreindre le corps du monde, pour s'éteindre, mais cette mort comme l'unique possibilité d'une seconde naissance en nous, d'une seconde vague à naître.

La poésie de Daniel Leduc possède le lyrisme, trop souvent absent des textes qu'on dit minimalistes, mais elle n'en néglige pas pour autant de poser la finitude de l'homme, le drame existentiel du poète en chaque être humain qui ne peut se muer qu'en une quête, celle d'un cheminement sans fin. Le lyrisme, ici n'est pas nostalgie, il est espoir, étincelle d'espoir, à l'image de l'homme et de la femme qui ne s'épousent que pour éteindre un bref instant, leur désir demeuré désir, leur errance, terme qui revient à maintes reprises dans les mots du poète, comme l'arbre ou l'oiseau, le corps, la marche… 
Et encore, toute marche est un désir qui s'annonce, une avancée vers le corps de l'esprit, et vers l'esprit du corps. Le pas caresse, ou frappe ; glisse sur le seuil de la terre ; sur sa peau. L'homme s'en va vers la femme ; et la femme s'en vient vers l'homme. Tous deux s'enlacent dans un mouvement de fuite, et de repère, et d'enchantement du repère. Tout existe dans l'élan et se fige dans l'atteinte. (Extrait de " Femmes ")

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(*) Ecrivain et professeur de philosophie.
Patrick RAVEAU

 

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Sommaire

Le livre qui se délivre
un texte de Daniel Leduc

Une approche de l'oeuvre de Daniel Leduc
par Patrick Raveau

Bio-bibliographie de Daniel Leduc


Textes

Antonin Artaud ou la déchirure des sens

Gustav Mahler le ténébreux

Chant de la nuit

Chant de la terre

Les adieux

Au fil tramé des jours

L'homme séculaire

Le chant du Verbe

L'enseignement de l'aube

Territoire du poème

Une source puis une autre

Silence des pierres

Partage de la lumière

 

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