De ce disque émanent un charme envoûtant, une atmosphère de grands fonds ou de terres inconnues. Et cependant, nous sommes bien sur notre planète avec ses airs celtiques, ses rythmes africains, ses consonances orientales, ses harmonies jazziques, et cet ensemble de sons qui nous fait Hommes.
Vincent Le Bihan, le maître d'œuvre, insuffle la musique comme il souffle le verre, avec la douce vivacité de l'artisan qui maîtrise l'air et fait chanter les formes. Il sait comment sculpter les notes avec ses instruments : flûte traversière en ut en argent et tête en bois, flûte piccolo, saxophones alto, ténor, baryton, clavier, saxophone électronique, percussions: guimbarde, surdo, guiros, chokalio, caisse claire, peaux, cow-bell, body-drum, schéquer. Autant d'instruments, autant de couleurs différentes dont Vincent Le Bihan sait extraire l'essence pour nous offrir une polyphonie tout à la fois singulière et universelle.
Les autres musiciens sont tout aussi talentueux. Philippe Gloaguen : guitare ; Pierrick Tardivel : contrebasse ; Marc Hentic : congas, bongos ; François Schmidt : batterie ; Erwan Volant : basse. " Mettre de la lumière dans les silences ", maître du timbre et de la sonorité, c'est ainsi que se rejoignent le désir et l'homme dans une même volonté. Ce qui ressort de Yakoba, c'est un partage de la beauté comme éthique et de l'ouverture comme art. La musique prend ici sa vraie valeur humaniste, celle de la confrontation des différences et des sons. Ce disque est tout indiqué comme remède contre l'intolérance. Il fait du bien au cœur et à l'esprit. A signaler que le livret-disque comporte des textes de Serge Cabon d'une teneur délicate et sensible :
" De traces en tresses les pieds de sable se croisent et se mêlent. Le vent de face pousse le sable en essaim dentelle. "
ainsi que des illustrations d'Hung Rannou dont l'aspect aérien fait ressortir formes et volumes.
Daniel LEDUC |