DANS LES CRATÈRES
Dans les cratères de mon cerveau
brûlent des voix, flambent des mots ;
des gestes épars bondissent encore
tels des jaguars sur un condor.
Toujours les souvenirs s’envolent
pour se poser là où s’affolent
nos pensées.
Il y-a des rendez-vous manqués,
sur le fronton de nos idées,
des pleines lunes tombées en miettes
sur des jours teints qui les reflètent.
Toujours les illusions reviennent
comme de pestilentes rengaines
éructées.
La nuit tous les chats sont aigris,
les souris dansent dans leurs cris ;
sous terre s’entend un tintamarre
de milliards de morts qui-en ont mare.
Toujours on fait parler les morts
afin qu’ils nous chantent le folklore
de leur vie.
Les femmes sont là pour penser
devant nos yeux trop délavés,
devant nos portes mal fermées
d’où s’échappe le mâle réformé.
Toujours la semence est en nous
comme de minuscules clous
dans les pieds.
Il faut marcher avec ses tripes
pour éviter que l’on s’étripe
à cause de certains mots mal cuits
dans des relents de haine servie.
Toujours la façade a bon dos
pour endosser les chèques en peau
de balles.
Dans les cratères de mon cerveau
brûlent des voix, flambent des mots ;
des gestes épars bondissent encore
tels des jaguars sur un condor.
Toujours les souvenirs s’envolent
pour se poser là où s’affolent
nos pensées.
© Daniel LEDUC, 2006.
Texte déposé.
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